Pierre-Joseph Proudhon - L'Anarchie sans le Désordre
Isabel, ThibaultEn 1851, dans Idée générale de la révolution au XIXe siècle, Proudhon écrit : « Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu... Être gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. »
Cette phrase est pour moi un viatique depuis que je l'ai découverte, adolescent. Ne dit-elle pas, bien avant les régimes issus du coup d'État bolchévique léniniste d'octobre 1917, ce qu'ont été les régimes qui se sont appuyés sur les idées de Karl Marx ?
Les textes de Marx et d'Engels rassemblés sous le titre Théorie de la violence montrent sans aucune ambiguïté que le socialisme marxiste revendique la violence comme accoucheuse de l'Histoire. Le goulag se trouve donc dans ce corpus qui procède en ligne droite du jacobinisme.