Phénoménologie et Métaphysique

« Nous ne nous préoccupons pas de la phénoménologie, mais de ce dont la phénoménologie elle-même se préoccupe », ainsi Heidegger ouvrait-il, en 1927, son cours consacré aux Problèmes fondamentaux de la phénoménologie. En 1973, il soulignait encore que « la phénoménologie, dans ce qu’elle a de plus propre, n’est pas un courant. Elle est, pour la pensée, la possibilité qui se modifie en temps opportun, et de ce fait durable, de répondre à la revendication qu’exerce ce qui est à penser ». Aujourd’hui où la philosophie doit résister à la fascination de tous les savoirs exacts et calculateurs — pour les comprendre, non pour les fuir ni les mépriser —, qu’elle doit surmonter en l’endurant à fond la fin de la métaphysique, qu’elle doit ouvrir un nouvel horizon au-delà de la « mort de Dieu », bref, aujourd’hui où la philosophie se trouve confrontée au plus grand danger, il se pourrait qu’elle ait surtout à apprendre du principal effort de la pensée qui ait surgi après Nietzsche. D’où l’enquête ici menée, à la lecture de Hegel, Husserl et Heidegger, pour préciser l’essence de la phénoménologie, et d’abord pour mesurer son rapport, à la fois d’extériorité et de considération, avec la métaphysique. J.-L.M.